Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/135

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pour toujours. Mais si mon bonheur vous est cher, souvenez-vous à jamais que rien ne peut y contribuer davantage que de savoir que vous avez recouvré votre propre estime. Valancourt prit sa main ; il avoit les yeux couverts de larmes, et l’adieu qu’il vouloit lui dire étoit étouffé par ses soupirs. Après quelques momens Emilie prononça avec difficulté et émotion : — Adieu, Valancourt, puissiez-vous être heureux ! adieu, répéta-t-elle. Elle essaya de retirer sa main ; il la retenoit et la baignoit de larmes. — Pourquoi prolonger ces momens, lui dit Emilie d’une voix à peine articulée ? ils sont trop pénibles pour nous. — Trop, beaucoup trop, s’écria Valancourt en quittant sa main et retombant sur son siège ! Il se cachoit le visage, et paroissoit suffoqué par ses soupirs. Après un très-long intervalle, pendant lequel Emilie pleuroit en silence, et Valancourt luttoit contre sa douleur, elle se leva encore pour sortir. Il tâcha de prendre un maintien plus assuré. — Je vous afflige, dit-il, mais l’angoisse que je souffre doit être mon excuse ; il ajouta d’une voix entrecoupée : — Adieu, Emilie, vous serez toujours l’unique objet de ma tendresse. Vous penserez quelquefois à l’infortuné Valancourt ; ce sera avec pitié, si