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CHAPITRE VIII.

Retournons à Montoni, dont la rage et la surprise firent bientôt place à de plus pressans intérêts. Ses excès et ses déprédations s’étoient tellement multipliés, que le sénat de Venise, alors composé de négocians, malgré sa foiblesse et l’utilité que dans l’occasion il auroit pu tirer de Montoni, ne put plus long-temps les supporter. Il fut arrêté qu’on travailleroit à anéantir ses forces et à punir ses brigandages. Un corps considérable de troupes alloit recevoir des ordres pour marcher sur Udolphe. Un jeune officier, qu’animoit contre Montoni le ressentiment de quelqu’injure particulière, et peut-être aussi l’envie de se distinguer, sollicita une audience du ministre qui conduisoit cette entreprise. Il lui représenta qu’Udolphe étoit une forteresse trop bien située pour être enlevée de vive force. Montoni venoit de montrer combien l’habileté du commandement ajoutait aux avantages de la place. Un corps de troupes, tel que celui qu’on formoit, ne pouvoit approcher d’Udolphe sans que Montoni en fût instruit. L’honneur de la république s’opposoit à ce qu’une année régulière vînt