Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/142

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sent, mais très-élevé, avec des rubans tout autour. Cela m’alloit très-bien. M. le marquis me remarqua. Ah ! c’étoit bien alors le plus honnête seigneur. Qui auroit pu penser que lui !…

— Mais la marquise, Dorothée, vous me parliez d’elle, dit Emilie.

— Ah ! oui. Madame la marquise, je pensois qu’au fond du cœur elle n’étoit pas heureuse. Je la surpris une fois tout en pleurs dans sa chambre. Quand elle me vit, elle essuya ses yeux, et s’efforça de sourire. Je n’osai pas lui demander ce qu’elle avoit ; mais la seconde fois que je la vis dans cet état, je lui en demandai la cause, et elle en parut offensée. Ainsi je ne dis plus rien. J’en devinai pourtant quelque chose. Son père, à ce qu’il paroît, l’avoit forcée d’épouser le marquis à cause de sa fortune. Il y avoit un autre gentilhomme, ou autrement un chevalier, qu’elle aimoit mieux, et qui étoit très-épris d’elle. Elle s’affligeoit de l’avoir perdu, à ce que j’imagine ; mais elle ne m’en a jamais parlé. Ma maîtresse essayoit de cacher ses pleurs au marquis. Je la voyois souvent après ses accès de tristesse, prendre un air calme et doux quand il entroit chez elle. Mon maître tout-à-coup devint sombre, brusque et fort dur pour ma-