Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/16

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se replongèrent dans la rêverie ; Annette l’interrompit la première. — Saint Pierre, dit-elle, où trouverons-nous de l’argent ? Je sais que, ni moi, ni ma maîtresse, nous ne possédons pas un sequin. M. Montoni y a mis bon ordre.

Cette remarque produisit un examen, qui se termina par un embarras fort sérieux. Dupont avoit été dépouillé de presque tout son argent quand on l’avoit fait prisonnier ; il avoit donné le reste à la sentinelle, qui lui avoit permis de sortir de la prison. Ludovico, qui depuis long-temps ne pouvoit obtenir le paiement de ses gages, avoit à peine sur lui de quoi fournir aux premiers rafraîchissemens dans la ville où ils arrivoient.

Leur pauvreté étoit d’autant plus affligeante, qu’elle pouvoit les retenir plus long-temps dans les montagnes ; et là, quoique dans une ville, ils pouvoient se croire encore presque au pouvoir de Montoni. Les voyageurs, pourtant, n’avoient d’autre parti que celui d’avancer et de tenter la fortune. Ils poursuivirent leur route à travers des vallons sauvages et obscurs, dont les forêts obstruoient quelquefois toute clarté, et ne la rendoient que par intervalles ; lieux, si déserts, qu’on doutoit au