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théâtre, l’affectoit singulièrement. Mais à la fin, réveillé de sa rêverie et de son silence : — Quelle musique entends-je ? dit-il tout-à-coup à son valet. Qui en peut faire si tard ?

L’homme ne répondit rien. Le comte continua d’écouter, et ajouta : — Ce n’est pas un musicien ordinaire ; il touche son instrument d’une main délicate. Qui est-ce donc ? Pierre.

— Monsieur, dit l’homme en hésitant.

— Qui joue de cet instrument ? répéta le comte.

— Monsieur ne le sait pas ? dit le valet.

— Que voulez-vous dire ? reprit le comte avec sévérité.

— Rien, monsieur ; je ne veux rien dire, répliqua l’homme d’un ton soumis. Seulement cette musique tourne autour de la maison vers minuit, fort souvent ; et je pensois que monsieur avoit bien pu l’entendre.

— Une musique tourne autour du château à minuit ! Pauvre, garçon ! N’y a-t-il personne qui danse à cette musique ?

— Ce ne seroit pas dans le château, à ce que je crois, monsieur ; les sons viennent des bois, à ce qu’on dit, quoiqu’ils nous paraissent si proches. Mais un esprit fait ce qu’il veut.