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de la route absorbèrent bientôt ses idées, et dispersèrent ce nuage de sensibilité. Peu attentive à l’entretien de la comtesse et de mademoiselle Béarn son amie, Blanche se perdoit en une rêverie douce ; elle voyoit les nuages qui flottoient en silence sur le vague bleu des airs ; ils voiloient le soleil, promenoient les ombres sur la contrée, et quelquefois la découvroient toute rayonnante. Ce voyage fut pour Blanche une succession de plaisirs ; la nature, à ses yeux, varioit à chaque instant, et lui fournissoit les plus belles et les plus charmantes images.

Sur le soir du septième jour, les voyageurs apperçurent Blangy. Sa situation romantique fit une forte impression sur Blanche ; elle observoit avec étonnement les montagnes des Pyrénées, qu’elle n’avoit vues que de loin pendant le jour. Elles s’élevoient alors à quelques lieues, avec leurs crêtes à pic, leurs précipices immenses ; et les nuages du couchant qui flottoient autour d’elles, les découvroient ou les confondoient tour-à-tour. Les derniers rayons du soleil donnoient une teinte rougeâtre à leurs sommets de neige ; les pointes inférieures étoient toutes revêtues d’un coloris varié, et la nuance bleuâtre qui marquoit leurs sombres profondeurs, contrastoit avec