Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/51

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de temps depuis la mort de la marquise. — Hélas ! mademoiselle, si long-temps, reprit Dorothée, que j’ai cessé de compter les années. Le château, depuis cette époque, m’a toujours paru en deuil, et je suis sûre que les vassaux l’ont toujours au fond de leurs cœurs. Mais vous vous êtes égarée, mademoiselle ; voulez-vous revenir à l’autre partie de la maison ?

Blanche demanda depuis quand celle où elle se trouvoit étoit bâtie. — Peu après le mariage de mon maître, mademoiselle, reprit Dorothée. Le château étoit assez grand sans cette augmentation. Il y a dans l’ancien bâtiment beaucoup de pièces qui n’ont jamais servi. C’est une habitation de prince ; mais mon maître la trouvoit triste, et triste elle est effectivement. Blanche désira de retourner au côté habité ; et comme tous les passages étoient complètement obscurs, Dorothée la mena par-dehors, en côtoyant le bâtiment ; elle ouvrit la grande salle, et trouva mademoiselle Béarn. — Où avez-vous donc été si long temps ? lui dit celle-ci. Je commençois à croire que quelqu’aventure surprenante vous étoit arrivée, et que le géant de ce château enchanté, l’esprit qui sans doute y revient, vous avoit jetée par une trappe en quelque voûte sou-