Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/54

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et relevé en baldaquin comme les tentes qu’on voit dans les anciens tableaux, et fort semblables à celles que représentait la tapisserie de cette chambre. Tout étoit pour la jeune Blanche un objet de curiosité. Elle prit la lumière de sa suivante pour examiner cette tenture ; elle reconnut un événement du siège de Troyes. Le travail presque décoloré, indiquoit à peine les objets qu’il avoit représentés jadis. Elle s’amusa d’abord des absurdités de la composition ; mais quand elle vint à penser que l’artiste qui l’avoit exécutée, et le poète, dont il avoit voulu imiter le génie, n’étoient plus qu’une froide poussière, la mélancolie s’empara d’elle, et elle fut au moment de pleurer.

Elle donna l’ordre positif qu’on l’éveillât avant le lever du soleil : elle renvoya ensuite sa femme-de-chambre, et voulant dissiper le nuage que sa triste réflexion avoit répandu sur elle, elle ouvrit une de ses fenêtres, et se ranima à la vue de la nature. La terre obscurcie, l’air, l’océan, tout étoit calme. Les cieux étoient sereins ; quelques vapeurs légères flottoient lentement dans leurs plus hautes régions, et augmententoient le scintillement des étoiles, qu’elles laissoient ensuite briller d’un éclat plus vif et plus pur. Les pensées de Blanche s’éle-