Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/57

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fut quand elle demanda s’il y avoit des voisins qui pussent rendre cette barbare solitude supportable, et si le comte croyoit possible qu’elle pût y vivre sans quelques distractions ?

On se sépara après le déjeûner. Le comte se fit suivre à son cabinet, par son intendant, pour examiner ses baux, et recevoir quelques habitans. Henri courut sur le rivage pour examiner un bateau, dont ils devoient tous se servir le même soir, et auquel il faisoit ajuster un petit pavillon. La comtesse et mademoiselle Béarn allèrent voir un appartement dans la partie moderne, construit avec élégance ; les fenêtres ouvroient sur des balcons qui faisoient face à la mer, et sauvoient conséquemment la vue des affreuses Pyrénées. La comtesse se jeta sur un sofa, et portant un regard languissant sur les flots qu’on découvroit au-delà des bois, elle se livra avec emphase aux dissertations de l’ennui ; sa compagne lui lut tout un conte, fait à Paris, sur quelque aventure de la cour ; nouvelle sentimentale. La comtesse étoit, dans toute l’étendue du terme, une femme à la mode ; et dans un certain cercle, ses opinions étoient attendues avec impatience, et adoptées comme des oracles.