Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/65

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famille revint au rivage et s’embarqua. La beauté de la soirée l’engagea à prolonger sa course, et à s’avancer dans la baie. Un calme parfait avoit suspendu le zéphyr qui, jusqu’alors, avoit poussé la barque, et les rameurs prirent leurs rames. Les eaux, comme une glace polie, réfléchissoient les roches grises, les arbres élevés, les teintes brillantes du couchant, et les nuages noirs qui montoient lentement de l’orient. Blanche se plaisoit à voir plonger les rames ; elle regardoit les cercles concentriques que formoient leurs touches sur les eaux, et le tremblement qu’elles imprimoient au tableau du paysage, sans en défigurer l’harmonie.

Au-dessus de l’obscurité des bois, elle distingua un groupe de tourelles qu’illuminoient encore les rayons du couchant, et quand les cors eurent fait silence, elle entendit un chœur de voix.

Quelle voix sont-ce là ? dit le comte en regardant autour de lui, et prêtant soigneusement l’oreille. Le chant cessa. — C’est une hymne des vêpres, dit Blanche, et je l’ai entendue au couvent.

— Nous sommes donc près d’un monastère ? dit le comte ; et le bateau ayant doublé un cap fort élevé, le couvent de Sainte-