Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/75

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domestiques, racontoit les dangers qu’elle venoit d’essuyer ; elle se félicitoit de sa délivrance et de celle de Ludovico ; enfin elle éveilloit le rire et la gaîté dans cette partie de la maison. Ludovico étoit tout aussi content qu’elle, mais il avoit assez de mesure pour se contenir, et tâchoit en vain de retenir Annette. À la fin, les éclats de rire furent entendus de la chambre de madame ; elle envoya savoir d’où venoit ce vacarme, et recommander le silence.

Emilie se retira de bonne heure pour chercher le repos dont elle avoit besoin ; mais elle fut long-temps sans dormir : son retour dans sa patrie réveilloit d’intéressans souvenirs. Les événemens qui lui étoient arrivés, les souffrances qu’elle avoit éprouvées depuis son départ, se représentoient à elle avec force, et ne cédoient qu’à l’image de Valancourt. Savoir qu’elle habitoit la même terre après une séparation si longue, si distante, étoit pour elle une source de jouissances. Elle passoit ensuite à l’inquiétude, à l’anxiété, quand elle considéroit l’espace de temps écoulé depuis la dernière lettre qu’elle avoit reçue, et tous les événemens qui, dans cet intervalle, avoient pu conspirer contre son repos et son bonheur ; mais cette pensée, que Valancourt n’exis-