Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/87

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qui trop souvent absorboit M. Dupont. Emilie plaignoit l’aveuglement qui le détournoit de s’éloigner d’elle, et elle résolut de se retirer aussi-tôt qu’elle le pourroit sans désobliger le comte et la comtesse de Villefort. L’abattement de son ami ne tarda pas à alarmer le comte, et Dupont lui confia enfin le secret d’un amour sans espoir. Le comte ne put que le plaindre ; mais il se détermina en lui-même à ne pas négliger un moyen de favoriser ses prétentions. Quand il connut la dangereuse situation de Dupont, il ne s’opposa que foiblement au désir qu’il témoigna de quitter le château de Blangy dès le lendemain ; il lui fit promettre d’y venir passer avec lui un temps plus long, quand son cœur seroit en repos. Emilie, qui ne pouvoit encourager son amour, estimoit ses bonnes qualités, et étoit très-reconnoissante de ses services ; elle éprouva une tendre émotion quand elle le vit partir pour la Gascogne. Il se sépara d’elle avec une expression si touchante d’amour et de douleur, que le comte embrassa sa cause bien plus chaudement qu’il ne l’avoit encore fait.

Peu de jours après, Emilie elle-même quitta le château, mais ce ne fut pas sans, promettre au comte et à la comtesse de ve-