Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sa tante, et à le consulter sur la manière de les recouvrer : il n’y avoit pas de doute que la loi ne fût en sa faveur. Le comte lui conseilla de s’en occuper, et lui offrit même d’écrire à un avocat d’Aix, sur l’avis duquel on pourroit s’appuyer. Cette offre fut acceptée par Emilie ; et les procédés obligeans qu’elle éprouvoit chaque jour l’eussent encore une fois rendue heureuse, si elle eût pu être certaine que Valancourt se portait bien, et qu’il l’aimoit toujours. Elle avoit passé plus d’une semaine au château sans recevoir aucune nouvelle ; elle savoit bien que, si Valancourt n’étoit pas chez son frère, il étoit fort douteux que la lettre qu’elle lui avoit écrite lui fût parvenue, et cependant une inquiétude, une crainte qu’elle ne pouvoit modérer, troubloient absolument son repos. Elle repassoit tant d’événemens qui, depuis sa captivité à Udolphe, avoient pu devenir possibles. Elle étoit quelquefois si frappée de la crainte, ou que Valancourt n’existât plus, ou qu’il n’existât plus pour elle, que même la compagnie de Blanche lui devenoit insupportable. Elle restoit seule des heures entières au fond de son appartement, quand les occupations de la famille lui permettoient de le faire sans incivilité.