Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

père avoit voulu lui dérober, et que ce ne fût manquer à sa mémoire que de chercher à l’approfondir. Quelle que fût sa curiosité sur le destin de la marquise, il est probable qu’elle y auroit encore résisté si elle eût été sûre que ces terribles mots dont elle n’avoit jamais perdu le souvenir, tinssent à l’histoire de cette dame, ou que les particularités que lui confieroit Dorothée entrassent aussi dans la défense de son père. Ce que Dorothée savoit, plusieurs autres le savoient. Il n’étoit pas à présumer que Saint-Aubert eût le projet de cacher à sa fille ce qu’elle pouvoit apprendre par des moyens ordinaires. Emilie en conclut que, si les papiers se rapportoient à la marquise, ce n’étoit pas un sujet que Dorothée pût expliquer ; ainsi elle n’hésita plus, et commença toutes ses questions.

Ah ! mademoiselle, dit Dorothée, c’est une triste histoire, et je ne puis vous la dire maintenant ; mais, que dis-je ? jamais je ne vous en parlerai. Il y a bien des années que ce malheur est arrivé, et je n’ai jamais aimé à parler de madame la marquise qu’à mon mari. Il étoit dans la maison aussi bien que moi, et savoit par moi des détails que tout le monde ignoroit. J’étois auprès de madame dans sa dernière maladie ; j’en sus,