Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/122

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Les voyageurs quittèrent bientôt cet enfoncement, et se trouvèrent dans une étroite vallée, au nord-ouest : l’aube, sur les montagnes, se fortifioit par degrés, et découvroit le tapis de verdure qui garnissoient le pied des rochers, sur lesquels s’élevoient le chêne vert et le liège ; les nuages orageux étoient dissipés ; l’air du matin, la vue de la verdure, plus fraîche après la pluie, ranima les esprits de Blanche. Le soleil s’éleva bientôt ; les rocs humides, les buissons qui ornaient leur cime, les plantes qui tapissaient leurs flancs, étincelèrent de ses rayons ; des vapeurs suspendues flottoient encore à l’extrémité du vallon, mais le vent les chassoit devant les voyageurs, et peu à peu le soleil les fit disparoître. Au bout d’une lieue, Sainte-Foix se plaignit d’une excessive faiblesse : on s’arrêta pour lui donner quelque rafraîchissement, et reposer ses porteurs. Ludovico s’étoit muni, dans le fort, de quelques flacons de vin d’Espagne ; on en fit un cordial pour toute la caravane ; mais Sainte-Poix n’en reçut qu’un soulagement momentané. La fièvre qui le brûloit en prit une nouvelle force ; il ne pouvoit ni déguiser ses horribles souffrances, ni s’empêcher d’exprimer son désir