Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/13

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et qui promenoient leurs lourdes masses sur le sommet des bois, qu’ornoient alors les teintes variées dont l’automne enrichit le feuillage. La tempête étoit passée ; mais la mer, toujours agitée, mugissoit encore. Le comte, à qui ce jour grisâtre et vaporeux ne déplaisoit pas, entra dans les bois et s’y promena, enseveli dans une profonde méditation.

Emilie s’étoit aussi levée de bonne heure, et avoit dirigé sa promenade vers le promontoire escarpé d’où l’on découvroit l’océan. Les événemens du château occupoient son esprit, et Valancourt étoit aussi l’objet de ses tristes pensées ; elle ne pouvoit encore songer à lui avec indifférence. Sa raison lui reprochoit continuellement une tendresse qui survivoit dans son cœur à l’estime : elle se rappeloit l’expression qu’avoient ses regards au moment où il l’avoit quittée, le ton de sa voix lorsqu’il lui dit adieu ; et si quelque hasard augmentoit l’énergie de ses souvenirs, elle versoit des larmes amères.

Arrivée à la vieille tour, elle se reposa sur ses marches ruinées, et se livra à la mélancolie. Elle observoit les vagues à demi-cachées par la vapeur, qui venoient en roulant au rivage, et répandoient leur mousse