Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/132

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n’est pas du vin ordinaire : c’est du meilleur Languedoc, et le dernier des six flacons que me donna M. de Valancourt en partant pour Paris ; il m’a depuis toujours servi de cordial. Je ne le bois pas que je ne pense à lui, et aux paroles pleines de bonté qu’il me dit en me les donnant. Thérèse, dit-il, vous n’êtes plus jeune ; de temps en temps vous devriez boire un verre de bon vin. Je vous en enverrai quelques bouteilles. En les buvant, souvenez-vous de moi, votre ami. — Oui, ce furent ses paroles : Moi, votre ami ! Emilie parcourait la chambre, sans paroître écouter ce que Thérèse disoit. Thérèse continua : — Je me suis toujours souvenue de lui : pauvre jeune homme ! il m’a donné cet asyle ; c’est lui qui m’a soutenue. Ah ! il est au ciel avec mon respectable maître, si jamais saint y fut placé.

Thérèse perdit la voix ; elle se mit à pleurer, et posa le flacon sans pouvoir verser le vin. Sa douleur parut arracher Emilie à la sienne ; elle fut à elle, s’arrêta, la regarda, et se détourna soudain comme accablée de la réflexion que Thérèse pleuroit Valancourt.

Pendant qu’elle continuoit de marcher dans la chambre, le son doux et soutenu