Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/140

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chaise les yeux fixes, et l’image de Valancourt présente.

— Monsieur de Valancourt est bien changé, mademoiselle ; il est maigri. Il est si triste ! Il a un bras blessé !

Emilie leva les yeux ; elle n’avoit pas remarqué cette dernière circonstance. Elle ne fit aucun doute que Valancourt n’eût reçu le coup de son jardinier. Sa pitié revint à cette conviction ; elle se reprocha de l’avoir banni de la chaumière par un si mauvais temps.

Bientôt après on lui amena une voiture. Emilie reprit Thérèse des choses irréfléchies qu’elle avoit dites à Valancourt ; elle la chargea expressément de ne jamais lui faire de semblables déclarations, et retourna chez elle pensive et désolée.

Pendant ce temps, Valancourt étoit rentré à la taverne du village ; il y étoit arrivé peu de momens seulement avant que de visiter Thérèse. Il revenoit de Toulouse, et se rendoit au château du comte de Duverney. Il n’y avoit pas retourné depuis l’adieu qu’il avoit fait à Emilie au château de Blangy. Il étoit resté quelque temps dans le voisinage d’un lieu où habitoit l’objet le plus cher à son cœur. Il y avoit des momens où la douleur et le désespoir le pressoient de re-