Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consolation fut de revenir pendant le silence de la nuit, de suivre les sentiers qu’elle avoit parcourus, et de veiller autour de l’habitation même dans laquelle elle reposoit. Ce fut dans une de ses promenades nocturnes, que le jardinier, le prenant pour un voleur, fit feu sur lui, et le blessa au bras. Cet accident l’avoit retenu à Toulouse, entre les mains d’un chirurgien : là, sans soin pour lui-même, sans égards pour ses parens, dont leurs dernières froideurs lui faisoient croire qu’il avoit encouru l’indifférence, il n’avoit informé personne de sa situation. Assez remis pour voyager, il se rendoit à Estuvière, en passant par la Vallée il espéroit savoir des nouvelles d’Emilie ; il vouloit se trouver près d’elle ; il désiroit aussi s’informer de la vieille Thérèse ; il jugeoit bien que, pendant son absence, on l’avoit privée de sa pension, et ces motifs l’avoient conduit à la chaumière où alors Emilie se trouvoit.

Cette entrevue inespérée lui avoit à la fois montré toute la tendresse de l’amour d’Emilie et toute la fermeté de sa résolution. Son désespoir s’était renouvelé dans toute son horreur ; aucun effort de sa raison ne pouvoit l’adoucir. L’image d’Emilie, sa voix, ses regards, se présentoient à son es-