Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/148

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nord, M. le comte et M. Henri m’accompagnèrent. Tout le temps qu’ils y restèrent, rien d’alarmant ne se présenta : dès qu’ils furent sortis, je fis bon feu dans la chambre à coucher ; je m’assis près de la cheminée ; j’avois porté un livre pour me distraire : je confesse que parfois je regardois dans la chambre avec un sentiment semblable à la crainte.

— Oh ! très-semblable, je l’ose dire, interrompit Annette ; et j’ose bien dire aussi que, pour dire la vérité, vous frissonniez de la tête aux pieds. — Non, non, pas tout à fait, dit Ludovico en souriant ; mais plusieurs fois, quand le vent siffloit autour du château, et ébranloit les vieilles fenêtres, plusieurs fois je m’imaginai, entendre des bruits fort étranges, et même une fois ou deux je me levai et regardai autour de moi ; je ne voyois rien pourtant que les maussades figures de la tapisserie, qui sembloient me faire des grimaces. Je passai ainsi plus d’une heure, continua Ludovico, puis je pensai que j’entendois un bruit ; je portai encore mes yeux sur la chambre, et n’apercevant rien, je repris mon livre. L’histoire finie, je m’assoupis ; tout à coup je fus réveillé par le bruit que j’avois déjà entendu ; il sembloit venir du côté où étoit le lit : je ne