Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses traits exprimoient la langueur. — Notre maison, dit-elle après les premiers complimens, est vraiment une maison de deuil. Une de nos sœurs paie en ce moment le tribut à la nature, sans doute vous n’ignorez pas que notre sœur Agnès est mourante ?

Emilie exprima le sincère intérêt qu’elle y prenoit.

— La mort, continua l’abbesse, nous présente une grande et imposante leçon ; sachons en profiter ; apprenons à nous préparer au changement qui nous attend. Vous êtes jeune ; vous pouvez vous donner cette paix qui ne se peut apprécier, l’ineffable paix de la conscience. Conservez-la dans votre jeunesse, pour qu’elle devienne un jour votre consolation. En vain aurons-nous fait quelques bonnes actions dans nos dernières années, si nos premiers ans ont été souillés de quelques crimes.

Emilie eût voulu répondre que les bonnes actions ne pouvoient jamais être inutiles ; elle l’espéroit du moins : mais c’étoit l’abbesse qui parloit, et elle gardoit le silence.

— Les derniers jours d’Agnès, reprit l’abbesse, ont été exemplaires : puissent-ils donc expier les torts de sa jeunesse ! Ses souffrances maintenant sont, hélas ! trop affreuses ; croyons qu’elles lui assurent un