Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/180

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et lui dit qu’elle avoit une chose à lui communiquer ; mais il étoit alors trop tard, et elle la pria de revenir le lendemain.

Emilie le lui promit, et retourna avec Blanche au château. Dans le chemin, l’obscurité des bois fit regretter à Blanche que la soirée fût si avancée ; les ténèbres, le calme absolu, la trouvoient sensible à la crainte, quoiqu’un domestique la suivît. Emilie, trop préoccupée des horreurs dont elle avoit été témoin, ne voyoit dans le silence de la nuit que ce qui avoit quelque rapport à la situation de son âme. Blanche l’en tira, en lui montrant dans un sentier obscur, deux personnes qui marchoient lentement. On ne pouvoit les éviter sans se rejeter dans une partie plus enfoncée du bois, et les deux étrangers auroient pu les y suivre. Mais toute appréhension fut bientôt évanouie, quand Emilie eut reconnu, dans l’un M. Dupont, et dans l’autre ce même gentilhomme qu’elle avoit vu au monastère. Ils causoient avec tant d’action, que, dans le premier moment, ils ne remarquèrent pas les dames. Quand Dupont les eut abordées, l’étranger prit congé de lui, et s’en retourna au château. Le comte entendant nommer M. de Bonnac, dit qu’il le connoissoit depuis long-temps ; il apprit le