Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/183

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concevoir qu’il eût entretenu sa passion après ce mariage. Elle ne doutoit cependant presque plus que les papiers dont son père avoit ordonné la suppression ne fussent relatifs à cette liaison ; et si elle eût été moins sûre des principes rigides de son père, elle auroit cru que le mystère de sa naissance étoit enseveli avec les manuscrits qui l’attestoient.

De pareilles réflexions l’occupèrent une partie de la nuit ; et quand elle put s’endormir, ses songes lui retracèrent la religieuse mourante ; et elle se réveilla avec les plus lugubres idées.

Le lendemain, trop indisposée pour aller voir l’abbesse, elle apprit dans la journée que sœur Agnès n’étoit plus. M. de Bonnac reçut cette nouvelle avec émotion ; mais Emilie remarqua qu’il paroissoit moins affligé que la veille. Sans doute cette mort l’affectoit moins que les aveux qu’on lui avoit faits. Quoiqu’il en soit, peut-être étoit-il aussi un peu consolé en connoissant le legs qui lui étoit échu. Sa famille étoit fort nombreuse ; l’extravagance d’un jeune homme l’avoit plongé dans de grands chagrins, et l’avoit même fait conduire en prison. La douleur que lui causoit la conduite d’un fils cher, les dépenses, la ruine qui en étoit