Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/192

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noit devinrent autant de contestations, où le respect filial et l’amour paternel étoient également oubliés. Mais comme cet amour paternel revenoit toujours le premier, et se désarmoit le plus aisément, la signora croyoit avoir vaincu ; et l’effort que l’on faisoit pour vaincre ses passions, leur prêtoit une force nouvelle.

La mort de son père et de sa mère la laissa livrée à elle-même dans l’âge si dangereux de la jeunesse et de la beauté. Elle aimoit le grand monde, s’enivroit du poison de la louange, et méprisoit l’opinion publique, quand elle contredisoit ses goûts. Son esprit étoit vif et brillant ; elle avoit tous les talens, tous les charmes dont se compose le grand art de séduire. Sa conduite fut telle que pouvoient le présager la foiblesse de ses principes et la force de ses passions.

Parmi ses nombreux soupirans, fut le marquis de Villeroy. En voyageant en Italie, il vit Laurentini à Venise ; il devint passionné pour elle. La signora fut éprise à son tour de la figure, des grâces, des qualités du marquis, le plus aimable des seigneurs français. Elle sut cacher les dangers de son caractère, les taches de sa conduite, et le marquis demanda sa main.

Avant la conclusion de ses noces, elle