Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/204

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dont la situation avoit piqué la curiosité d’Emilie. Le voile cachoit un objet qui la remplit d’horreur ; en le soulevant, au lien d’un tableau, elle vit dans l’enfoncement une figure humaine dont les traits défigurés avoient la pâleur de la mort. Elle étoit couverte d’un linceul, et couchée tout de son long dans une espèce de tombeau. Ce qui rendoit cette vue plus effroyable, étoit que cette figure sembloit être déjà la proie des vers, et que ses mains et son visage en laissoient voir les traces. On imagine bien aisément qu’un si hideux objet ne se regardoit pas deux fois. Emilie, quand elle l’aperçut, laissa retomber le voile, et la terreur qu’elle avoit eue l’empêcha d’y revenir. Si elle eût eu le courage de regarder plus attentivement, son erreur et son effroi se seroient dissipés en même temps ; elle auroit reconnu que la figure étoit en cire. Cette histoire ; quoiqu’extraordinaire, n’est pas sans quelqu’exemple dans les annales de la dure servitude où la superstition monastique a souvent plongé le genre humain. Un membre de la maison d’Udolphe avoit offensé en un point les prérogatives de l’église ; on le condamna à contempler plusieurs heures par jour l’image en cire d’un cadavre. Cette pénitence, qui devoit servir à lui rappeler