Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/208

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tion et ses soins. On attendoit chaque jour M. de Sainte-Foix. Tout le château s’occupoit des plus brillans préparatifs. Emilie vouloit prendre part à la gaîté qui l’entouroit ; mais elle le tentoit vainement : préoccupée de tout ce qu’elle avoit appris, et surtout inquiète du sort de Valancourt, elle se représentoit l’état où il étoit quand il donna à Thérèse son anneau : elle croyoit y reconnoître l’expression du désespoir ; et quand elle considèrent où ce désespoir avoit pu le conduire, son cœur saignoit de douleur et d’effroi. Les doutes qu’elle formoit sur sa santé, sur son existence ; l’obligation où elle étoit de conserver ces doutes jusqu’à son retour à la Vallée, lui paroissoient insupportables. Il y avoit des momens où rien ne pouvoit la contenir. Elle s’échappoit brusquement, et alloit chercher le calme dans les profondes solitudes des bois qui bordoient le rivage de la mer. Le battement des vagues écumantes, le sourd murmure des forêts, étoient analogues à l’état de son âme ; elle s’asseyoit sur une roche, ou sur les ruines de la vieille tour elle observoit vers le soir la dégradation des couleurs sur les nuages ; elle voyoit se dérouler les sombres voiles du crépuscule. La crête blanche des vagues toujours ra-