Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/22

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tout autre moment, il eût souri de sa relation, et auroit jugé que le fantôme n’existoit que dans l’imagination du témoin. Alors il écouta Emilie sérieusement ; et quand elle eut fini, il lui demanda le plus profond secret. Quelle que puisse être la cause de ces événemens singuliers, dit le comte, le temps seul peut les expliquer. Je veillerai avec soin sur tout ce qui se passera au château, et j’emploierai tous les moyens possibles pour découvrir le destin de Ludovico. Pendant ce temps, soyons prudens et circonspects. J’irai veiller moi-même dans ces appartemens ; mais jusqu’à ce que j’en détermine l’instant, je veux que tout le monde l’ignore.

Le comte envoya chercher Dorothée, et lui fit de même promettre le silence, et sur ce qu’elle savoit déjà, et sur ce qu’elle pourroit savoir encore. Cette vieille femme lui raconta les particularités de la mort de la marquise de Villeroy : il paroissoit en avoir déjà su quelques-unes ; mais celles qu’il avoit ignorées lui causèrent autant de surprise que d’agitation. Après cet entretien, le comte s’enferma dans son cabinet il y resta seul plusieurs heures, et quand il en sortit, la gravité de son extérieur étonna et alarma Emilie.