Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/45

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— Non, dit sœur Françoise ; l’office du soir est achevé. Souffrez que Marguerite vous conduise à votre cellule.

— Vous avez raison, dit sœur Agnès ; j’y serai mieux. Bonsoir, mes sœurs ; souvenez-vous de moi dans vos prières.

Quand elle fut sortie, sœur Françoise, voyant l’émotion d’Emilie, lui dit : — Ne vous alarmez pas. Notre sœur a souvent la tête dérangée. Jamais pourtant je ne l’ai vue dans un si grand délire. Son état habituel est la mélancolie ; mais cet accès dure depuis plusieurs jours. La retraite et le régime la remettront.

— Mais, observa Emilie, avec quelle raison elle avoit parlé d’abord ! Ses idées se suivoient parfaitement.

— Oui, dit la sœur, ce n’est pas une chose nouvelle. Je l’ai entendue quelquefois raisonner de très-bon sens, et même avec finesse. L’instant d’après, c’étoit l’égarement de la folie.

— Sa conscience paroît oppressée, dit Emilie. Savez-vous ce qui l’a réduite à un si déplorable état ?

— Oui, reprit la religieuse. Et elle n’en dit pas davantage. Emilie répéta sa question. Alors elle lui dit à voix basse, et de manière à n’être pas entendue des autres :