Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/51

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me souviens pourtant que sœur Agnès étoit une très-belle femme : elle a gardé cet air de haute naissance qui l’a toujours distinguée ; mais sa beauté, comme vous devez le voir, est toute flétrie ; je retrouve à peine dans sa figure quelques vestiges de cette grâce qui autrefois l’embellissoit.

— Cela est étrange, dit Emilie ; mais il y a des momens où je crois me rappeler sa figure. Vous allez me trouver ridicule ; je me trouve telle aussi. Je n’avois certainement jamais vu sœur Agnès ayant d’entrer dans ce couvent ; il faut que j’aie vu quelque part une personne qui lui ressemble parfaitement, et je n’en ai pourtant pas le moindre souvenir.

— Vous avez pris de l’intérêt à sa mélancolie, dit sœur Françoise ; l’impression que vous en avez reçue trompe sans doute votre imagination. Je pourrois, avec autant de raison, trouver une ressemblance entre vous et Agnès, que vous pouvez croire que vous l’avez vue ailleurs. Elle a toujours demeuré dans ce couvent depuis que vous êtes au monde.

— Est-il bien vrai ? dit Emilie.

— Oui, reprit Françoise ; pourquoi cela vous surprend-il ?

Emilie ne parut pas remarquer la ques-