Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/72

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tour : je ne vous ai jamais vue si affectée ; l’homme n’est pas mort, je vous assure.

Emilie s’agitoit, et déploroit amèrement la précipitation du jardinier qui avoit tiré.

— Je savois bien que cela vous mettroit en colère, autrement je vous l’aurois dit plutôt ; Jean le savoit bien aussi. Il me disoit : Annette, ne parlez pas de cela à ma maîtresse ; elle couche à l’autre bout de la maison, elle n’a sûrement pas entendu le coup ; mais elle seroit en colère si elle le savoit, voyant qu’il y a du sang. Mais enfin, disoit-il, comment préserver le jardin, si l’on ne tire pas sur un voleur quand on le voit ?

— N’en parlons plus, dit Emilie : de grâce, laissez-moi seule.

Annette obéit : Emilie retomba dans ses méditations ; elle tâcha pourtant de se calmer par une observation nouvelle. Si l’étranger étoit Valancourt, il étoit bien certain qu’il étoit venu seul, il étoit donc encore certain qu’il avoit pu sortir du jardin sans secours. Il sembloit qu’il ne l’auroit pas pu, si sa blessure eût été dangereuse : elle tâcha de se rassurer, pendant le temps que ses domestiques employèrent à leurs recherches. Le jour revint, et n’apporta aucune lumière. Emilie, qui souffroit