Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/74

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et fit, très à la hâte, les préparatifs de son voyage. Elle quitta donc Toulouse, en s’efforçant de croire que, si quelqu’accident fût arrivé à Valancourt, elle l’auroit découvert, dans un si long intervalle.

Le soir qui précéda son départ, elle alla prendre congé de la terrasse et du pavillon. Le jour avoit été fort chaud ; une petite pluie, qui tomba au coucher du soleil, avoit rafraîchi l’air, et avoit répandu sur les bois et sur les prairies cette douce verdure qui semble rafraîchir les regards ; les feuilles chargées de gouttes de pluie, brilloient aux derniers rayons du soleil. L’air étoit embaumé des parfums que l’humidité, faisoit sortir des fleurs, des plantes et de la terre elle-même ; mais le beau point de vue qu’Emilie découvroit de la terrasse n’étoit plus, pour ses regards, un sujet de délices ; ils erroient sans plaisir sur toute la contrée. Elle soupiroit, et se trouvoit tellement abattue, qu’elle ne pouvoit penser à revoir la Vallée sans verser un torrent de larmes. Il lui sembloit qu’elle pleuroit Saint-Aubert comme le lendemain de sa mort. Elle arriva au pavillon, s’assit auprès d’une jalousie ouverte, et considéra les montagnes lointaines qui bordoient la Gascogne, et brilloient au-dessus de l’horizon, quoique