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années avoient été heureuses, il se mêla bientôt un tendre et indéfinissable plaisir. Le temps avoit émoussé les traits de sa douleur, et alors elle saluoit avec complaisance tout ce qui lui renouveloit la mémoire de ses amis ; il lui sembloit qu’ils respiroient encore dans tous les lieux où elle les avoit vus ; elle sentoit que la Vallée étoit pour elle le séjour le plus doux. La première pièce qu’elle visita fut sa bibliothèque ; elle se plaça dans le fauteuil de son père ; elle réfléchit avec résignation sur le tableau du passé, et les larmes qu’elle répandit n’étoient pas uniquement données à la douleur.

Bientôt après son arrivée, elle fut surprise par celle du vénérable M. Barreaux. Il vint avec empressement pour accueillir la fille de son respectable voisin, dans une maison trop long-temps délaissée. La présence de ce vieil ami fut une consolation, pour Emilie ; leur entretien fut pour tous deux singulièrement intéressant, et ils se communiquèrent tour à tour les circonstances principales de ce qui leur étoit arrivé.

Le soir étoit si avancé quand M. Barreaux la quitta, qu’Emilie ne put, le même jour, aller visiter le jardin. Dès le matin, elle