Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/73

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ascétique, il vit que c’était l’ouvrage de la Déité aux mille yeux. Aussitôt il s’enflamma de colère et jeta ce discours à Rambhâ : « Parce que tu es venue ici nous tenter par tes qualités accomplies, change-toi en rocher, et reste enchaînée sous notre malédiction une myriade complète d’années dans ce bois des mortifications. »

« Mais à peine Viçvâmitra eut-il métamorphosé la nymphe en un roc stérile, que ce grand anachorète tomba dans une poignante douleur, car il s’aperçut qu’il venait de céder à l’empire de la colère.

Et, s’adressant à lui-même ses plus vifs reproches, il s’écria : « Je n’ai pas encore vaincu mes sens ! » Ensuite, le grand solitaire abandonna la sainte contrée de l’Himalaya ; et, dirigeant sa route vers la plage orientale, il parvint dans le Vadjrasthâna, où, d’une résolution inébranlablement arrêtée, il recommença le cours de sa pénitence, observa le vœu du silence un millier d’années, et se tint immobile comme une montagne.

« Quand ils virent l’anachorète sans colère, sans amour, l’âme entièrement placide, abordé à la plus haute perfection par son insigne pénitence, alors, vaillant dompteur de tes ennemis, alors tous les Dieux, tremblants et l’esprit agité, s’en vinrent, avec Indra, leur chef, au palais de Brahma, et dirent à ce Dieu, trésor de pénitence :

« Qu’il obtienne le don qu’il désire, cet illustre saint, le plus éminent des ascètes, avant qu’il ne tourne sa pensée vers le dessein même d’obtenir le royaume du ciel ! »

« Ces paroles dites, tous les chœurs des Immortels, sur les pas de Brahma, qui marchait à leur tête, se rendent à l’ermitage de Viçvâmitra et lui tiennent alors ce