Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/101

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« Ou bien, si tu crains de monter sur mon dos, reine, de quel volatile ou quadrupède vivant sur la terre me faut-il emprunter la forme ? »

À ces paroles agréables du terrible singe Hanoûmat à la vigueur épouvantable, la Mithilienne en ces termes lui dit avec modestie : « Comment pourrais-tu, noble singe, toi de qui le corps est si petit, me porter de ces lieux jusqu’en présence de mon époux, le monarque des enfants de Manou ? »

Hanoûmat répondit à ces mots de Sîtâ : « Eh bien ! Vidéhaine, vois seulement la forme que je vais prendre maintenant ! » Alors, ce tigre des singes à la grande énergie, lui, auquel était donné de changer sa forme à volonté, il s’augmenta dans ses membres.

Devenu semblable à un sombre nuage, le prince des quadrumanes se mit en face de Sîtâ et lui tint ce langage : « J’ai la force de porter Lankâ même avec ses chevaux et ses éléphants, ses arcades, ses palais et ses remparts, ses parcs, ses bois et ses montagnes ! »

Quand la fille du roi Djanaka vit semblable à une montagne le propre fils du Vent, cette princesse aux yeux grands comme les pétales des nymphées lui dit :

« Je sais que tu as la force, singe, de me porter dans cette course ; mais il est essentiel de voir si l’affaire peut arriver sans naufrage au succès. Il est impossible que j’aille avec toi par les airs, ô le meilleur des singes : ton impétueuse vitesse, égale à toute la fougue du vent, me ferait tomber. Ensuite, il ne sied pas que l’épouse de ce Râma, aux yeux de qui le devoir siége avant tout, monte sur le dos même d’un être que l’on appelle d’un nom affecté au sexe mâle. Si autrefois, sans protecteur, esclave et n’étant pas la maîtresse de mes actes, il est ar-