Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/104

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Enfin, épuisée de force, je courus à toi, insoucieusement assis, et je me réfugiai sur ton sein dans une colère que tu pris soin de calmer, toi, que cette petite guerre avait amusé.

« Là, fondant sur moi à tire d’aile, le volatile me frappa encore aux deux seins. Tu me vis alors désolée, irritée par la corneille, essuyant mes yeux sur mon visage baigné de larmes ; et ta main secourable, tirant une flèche du carquois, l’envoya contre l’oiseau. C’était l’arme de Brahma, que tu avais encochée : le trait flamboya dans les airs ; et la corneille, visée par toi, s’enfuit, prenant des routes différentes. Dans son vol, que précipite la crainte, elle suit le tour de ce globe : tantôt elle se joue au sein du nuage pluvieux, tantôt au milieu des gazelles ; mais le dard que tu as lancé la suit comme son ombre. Enfin n’ayant pu trouver la paix dans les mondes, c’est auprès de toi-même qu’elle vient chercher un asile.

« Triste et consternée, elle reçut de toi ces paroles : « La flèche, que j’ai décochée, ne l’est jamais en vain. Quel membre veux-tu qu’elle détruise en toi ? » L’oiseau choisit de perdre un œil, que le trait fit périr à l’instant. Tu n’as pas craint de lancer à cause de moi la flèche de Brahma lui-même sur une chétive corneille ; et tu peux, maître du monde, épargner le Démon qui m’a ravie de tes bras ! Courageux et fort, comme tu l’es, fils de Raghou, pourquoi ne décoches-tu point ta flèche au milieu des Rakshasas, toi, le plus adroit parmi tous ceux qui savent manier l’arc ? Chef des hommes, aie donc, héros du grand arc, aie donc pitié de moi ! »

À ces paroles de Sîtâ, Hanoûmat répondit en ces termes : « Ton époux accomplira tout ce qui fut dit par toi, Mithilienne. Veuille me confier, noble dame, un signe, que