Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/116

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voici que nos Rakshasas ont mis le feu à sa queue et le traînent ainsi partout ! » À ces paroles cruelles et qui, pour ainsi dire, lui donnaient la mort, Sîtâ la Djanakide tourna son visage vers le grand singe et conjura le feu par ses incantations puissantes.

Cette femme aux grands yeux adora le feu d’une âme recueillie : « Si j’ai signalé mon obéissance à l’égard de mon vénérable, dit-elle ; si j’ai cultivé la pénitence ou si même je n’ai violé jamais la fidélité à mon époux, Feu, sois bon pour Hanoûmat ! S’il est dans ce quadrumane intelligent quelque sensibilité pour moi, ou s’il me reste quelque bonheur, Feu, sois bon pour Hanoûmat ! S’il a vu, ce quadrumane à l’âme juste, que ma conduite est sage et que mon cœur suit le chemin de la vertu, Feu, sois bon pour Hanoûmat ! »

À ces mots, un feu pur de toute fumée et d’une lumière suave flamboya dans un pradakshina autour de cette femme aux yeux doux comme ceux du faon de la gazelle, et sa flamme semblait ainsi lui dire : « Je suis bon pour Hanoûmat ! »

Ces pensées vinrent à l’esprit du singe dans cet embrasement de sa queue : « Voici le feu allumé ; pourquoi son ardeur ne me brûle-t-elle pas ? Je vois une grande flamme ; pourquoi n’en éprouvé-je aucune douleur ? Un ruisseau de fraîcheur circule même dans ma queue ! C’est là, je pense, une chose merveilleuse !

« Si le feu ne me brûle pas, c’est une faveur, que je dois sans doute à la bonté de Sîtâ, à la splendeur de Râma, à l’amitié, qui unit le feu au vent, mon père ! »

Le grand singe, marchant vers la porte de la ville, s’approche alors de cette magnifique entrée, qui s’élevait comme l’Himâlaya et d’où tombaient les faisceaux divisés