Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/14

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course rapide, il faisait trembler même le sol de la terre sous les pas de l’innombrable armée des singes. Dans ce voyage de Sougrîva, le ciel était comme rempli du bruit des conques et du son des timbales. Les ours, par milliers, les golângoulas par centaines et des singes fortement cuirassés marchaient devant lui. Il franchit dans l’intervalle d’un instant la distance qui le séparait du Mâlyavat, la grande montagne : arrivé à la demeure, mais encore loin du noble Raghouide, le monarque des armées quadrumanes s’arrêta.

Sougrîva descendit avec Lakshmana ; et, quittant sa litière d’or, le roi fortuné des singes, tenant au front ses deux mains en coupe et marchant à pied, s’approcha de Râma. Il se prosterna la tête sur la terre et se tint formant de ses mains jointes la coupe de l’andjali. À peine eut-elle vu son roi les paumes des mains réunies aux tempes, toute l’armée des quadrumanes se mit au front les deux mains et fit de même l’andjali.

Quand il vit ainsi la grande armée des singes comme un lac de lotus, dont les fleurs entr’ouvrent leurs calices, Râma fut satisfait à l’égard de Sougrîva. Le digne fils de Raghou étreignit dans ses bras le royal singe, il salua de quelques mots les ministres et lui dit : « Assieds-toi ! » Alors, s’étant dépouillé de sa colère, il tint avec bonté ce langage au roi singe assis avec ses conseillers sur le sol de la terre :

« Écoute, ami, écoute cette parole : renonce à des jouissances brutales et sache que prêter du secours à tes amis, c’est défendre même ton royaume. Déploie tes efforts à la recherche de Sîtâ et travaille, ô toi qui domptes les ennemis, travaille à découvrir en quel pays habite Râvana. »