Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui n’est pas autre chose qu’un singe, eût fouillé ainsi tout Lankâ, si le Destin ne l’eût permis ? Le Destin est donc la plus grande des merveilles !

« Je tiens ici la Vidéhaine à ma discrétion, et je n’en ressens pas d’ivresse : n’est-ce pas vous donner ici une preuve assez grande que je suis maître de moi-même. Que des sages austères puissent me blâmer ici pour une offense que j’aurai faite à quelque saint anachorète : c’est une opinion que j’ai déjà conçue moi-même. Mais comment un homme, qui porte les insignes des anachorètes, peut-il, un arc, des flèches, une épée dans ses mains, poursuivre les timides hôtes des forêts ? Où voit-on une seconde femme anachorète, qui demeure comme Sîtâ dans un ermitage et qui porte comme elle des pendeloques en or fin avec une robe de pourpre au tissu délié ? Quel enfant de Manou, habitant, par vœu de pénitence au milieu des bois, entendit jamais là un son de noûpouras mêlé au gazouillement des parures et des ceintures de femme ? »

Râvana dit, et Prahasta, expert en fait d’héroïsme et de guerre, ses propres sciences, Prahasta d’abord se mit à lui tenir ce langage : « Un homme instruit dans les Çâstras, habile à manier la parole, conciliant, sage, pur et né dans une noble race, voilà celui que les gens de bien estiment pour messager. Mais celui-ci était un espion que Râma nous envoya avec des qualités entièrement opposées ! Un espion, qui vint jeter le désastre ici pour la ruine de son affaire à lui-même ! En effet, seigneur, est-il possible de consentir à la demande d’un homme qui agit d’une telle manière, et, dans l’égarement de son intelligence, s’associe avec un être avide de combats ?

« Le voilà donc enfin arrivé ce temps fortuné des batailles,