Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/160

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« Tes conseillers ont parlé d’envoyer, soit un espion, soit un émissaire : il n’existe pas de motif à cette mesure, puisqu’il n’en peut résulter aucun avantage. En effet, un espion ne peut connaître Vibhîshana tout d’un coup, et c’est une faute de traîner ici le temps en longueur : donc, il n’y a pas lieu d’envoyer un espion.

« On dit encore : « Ce Vibhîshana vient ici, où ne l’appelle aucune raison, ni du temps, ni du lieu ! » J’ai pour cette objection quelques mots à répondre : « Il en est ici du temps et du lieu ce qu’il en est des vertus ou des vices dans chaque homme : ce sont les unes ou les autres qui font l’à-propos ou l’inopportun. Ce qui est accompagné du moyen porte bientôt ses fruits.

« Il a vu tes grands exploits et Râvana engagé dans une fausse route ; il a su que tu avais immolé Bâli et mis Sougrîva sur le trône ; il aspire à posséder aussi le trône de son frère et voit déjà, son âme le présageant, que les choses auront ici la même fin : voilà sans doute les considérations placées en première ligne devant ses yeux, et les motifs qui amènent Vibhîshana vers toi. »

Après qu’il eut écouté le fils du Vent, l’invincible Râma lui répondit en ces termes : « J’ai moi-même quelque envie de parler sur Vibhîshana. Je désire que mes paroles soient toutes entendues par vos grandeurs, inébranlables dans la vertu. À Dieu ne plaise que je repousse jamais l’homme qui vient à moi sous les couleurs de l’amitié ! S’il est en lui de la perfidie, le blâme des gens de bien n'en sera-t-il pas le châtiment ?

« Ne voyant donc en lui qu’un magnanime, entré dans une noble voie et qui vient à moi sans détour, veuillez bien retirer de lui vos soupçons.

« Ce nocturne Génie, qu’il soit bon ou méchant, est-il