Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/167

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Le chemin s’en allait dans la mer, se dépliant sur les dix yodjanas de sa largeur, comme on voit dans la chaude saison un grand nuage se dérouler au souffle du vent.

Ces travailleurs à la force immense, pour lier entre eux les intervalles de la jetée, couchèrent là des arbres attachés avec des arbrisseaux pullulants de sauterelles, avec des câbles de lianes et de roseaux.

Les autres, par centaines de mille, chargeant d’un seul coup sur leurs épaules des sommets de montagnes, en formaient les assises du môle dans les eaux de la mer. Des singes rapides, vigoureux, secouaient impétueusement et renversaient même dans l’Océan, roi des fleuves, les arbres nés sur le rivage. C’était alors partout dans ce grand bassin des eaux un bruit confus de roches transportées et de cimes rompues.

Sougrîva lui-même, grimpant de montagne en montagne et semblable à un nuage, en faisait descendre les sommets par centaines et par milliers. Le bel Angada rompit de sa main le faîte du mont Dardoura et le fit rouler dans les flots salés comme une nuée d’où jaillissent des éclairs. Ici Maînda et Dwivida même accouraient, voiturant d’un pied hâté une grande cime, qu’ils venaient d’arracher, toute revêtue encore de sa forêt de sandal fleurie de tous les côtés.

Épouvantés du fracas, tous les quadrupèdes et les volatiles des bois, impuissants à courir ou voler, restaient nichés ou tapis dans les cimes des montagnes.

Les plus hauts Rishis, les Siddhas, les Gandharvas et les Dieux, brûlants de voir cette merveille, tous alors d’accourir là, couvrant de leur multitude la plaine éthérée. Les Rishis, les Pitris, les Nâgas, les saints rois, les Yakshas et Garouda lui-même viennent contempler ce