Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/201

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Ayant fait naître des ténèbres, grâce à cette puissance de la magie dont il était doué, le Râvanide voila toutes les plages du ciel, enveloppées de brouillards et d’obscurité. Tandis qu’il se promenait ainsi dans les airs, on n’entendait, ni le bruit du char, ni celui des roues, ni le son de la corde vibrante à son arc : on n’entrevoyait même aucune forme de son corps.

Enfin la colère fit parler Lakshmana : « Je vais, dit-il plein de courroux à son frère, décocher la flèche de Brahma pour la mort de tous les Rakshasas ! »

« Garde-toi bien, répondit celui-ci, de tuer pour un seul Rakshasa tous ceux qui vivent sur la terre et de confondre avec les Rakshasas qui nous font la guerre ceux qui ne combattent pas, ceux qui dorment, ceux qui sont cachés, ceux qui fuient et ceux qui viennent à nous les mains jointes ! »

Dans l’intervalle à peine d’un clin d’œil, le Râvanide lia par la vertu d’une flèche enchantée les deux frères, qui, tombés sur le champ de bataille, ne pouvaient plus même remuer les yeux. Tous les membres percés, couverts l’un et l’autre de javelots et de flèches, en vain cherchaient-ils à briser le charme, ils gisaient comme deux bannières du grand Indra qu’on plie après une fête et qu’on lie d’une corde.

Héros, ils étaient couchés maintenant sur la couche des héros, ces deux frères ensevelis dans la douleur, baignés de sang et tous les membres hérissés de flèches ! Il n’était pas dans tout le corps de ces deux guerriers une largeur de doigt sans blessure ; il n’était pas si minime partie que les dards n’eussent percée ou même détruite.

Ensuite les singes, hôtes des bois, portant leurs yeux