Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/203

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que Râma et Lakshmana n’étaient plus. À peine eut-il ouï que ses deux ennemis gisaient morts, Râvana joyeux de s’élancer vers son fils et de l’embrasser au milieu des Rakshasas. Il baisa d’une âme toute satisfaite son fils sur le front ; et celui-ci répondit aux questions de son père, en lui racontant sa bataille entièrement. Aussitôt que Râvana eut ouï le récit de ce guerrier au grand char, il rejeta le souci, que le vaillant Daçarathide avait déjà fait naître dans son âme, inondée par un torrent de plaisir, et, dans les transports de sa joie, il congratula son fils.

Le roi manda vers lui une vieille Rakshasî, personne éminente, dévouée, exécutant les choses à son moindre signe : elle était au-dessus des autres et se nommait Tridjatâ. Quand le monarque des Rakshasas vit la Démone accourue à la parole de son maître, celui-ci tint ce langage :

« Dis à la Vidéhaine qu’Indradjit, mon fils, a tué Râma et Lakshmana, fais-la monter sur le char Poushpaka et fais-lui voir les deux frères morts sur le champ de bataille. Sans incertitude, sans crainte, sans préoccupation maintenant, il est évident que la Mithilienne va s’approcher de moi, souriante et parée de toutes ses parures. »

À peine Tridjatâ et les Démones, ses compagnes, eurent-elles ouï ces paroles de Râvana le méchant, qu’elles s’en allèrent où était le char Poushpaka. Elles s’empressent de tirer le céleste chariot de sa remise, et viennent trouver la Mithilienne dans le bocage d’açokas.

Le monarque des Rakshasas fit pavoiser Lankâ de drapeaux, de banderolles, d’étendards, et, plein de joie, fit proclamer dans toute la ville : « Râma et Lakshmana sont morts : c’est Indradjit qui les a tués ! »

Alors Sîtâ, du char, où elle était assise avec Tridjatâ,