Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/209

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À cet ordre, ils montent avec empressement sur le rempart et promènent leurs yeux sur les armées commandées par le magnanime Sougrîva. Ils virent les deux nobles princes debout et libres des liens, dont ces flèches magiques les avaient garrottés : cette vue alors consterna les Rakshasas. L’âme tremblante, ils descendent vite du rempart, et, tristes, ils se présentent devant l’Indra des Rakshasas avec un visage abattu. L’affliction peinte sur la figure, ces noctivagues, tous orateurs habiles, rapportent suivant la vérité cette fâcheuse nouvelle à Râvana.

À ces mots, l’Indra puissant des Rakshasas, le visage consterné, l’âme enveloppée de tristes pensées, donna cet ordre au milieu des Rakshasas : « Sors, accompagné d’une nombreuse armée de guerriers aux formidables exploits, dit-il au Rakshasa nommé Dhoûmrâksha, et va combattre à l’instant Râma avec le peuple des bois ! »

Les vigoureux noctivagues aux formes épouvantables attachent leurs sonnettes, et, joyeux, poussant des cris, ils environnent Dhoûmrâksha. Les chefs des Rakshasas, inabordables comme des tigres, s’élancent revêtus de cuirasses, ceux-ci montés sur des chars pavoisés de brillants drapeaux et défendus par un filet d’or, ceux-là sur des ânes[1] aux hideuses figures, les uns sur des chevaux d’une vitesse incomparable, les autres sur des éléphants tout remplis d’une furieuse ivresse. Dhoûmrâksha, étourdissant les oreilles par un son éclatant, était monté sur un

  1. N’est-il pas curieux de trouver même ces ânes de guerre dans l’énumération des armées que Xerxès conduisit en Grèce ? « Les Indiens, lit-on au livre VII d’Hérodote, montaient des chevaux de selle et des chars de guerre : ces chars étaient attelés de chevaux de trait ou d’ânes sauvages.