Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/227

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aspect du colosse, affreusement épouvantable, à la voix tonnante comme celle du nuage, à la langue flamboyante, aux longues dents aiguës et saillantes, aux grands bras, aux mains armées d’une lance et devant la vue duquel, inspirant la terreur, fuyaient tous les singes par les dix points de l’espace, Râma dit avec étonnement ces mots à Vibhîshana : « Dis-moi qui est ce colosse ? Est-il un Rakshasa ? Est-ce un Asoura ? Je ne vis jamais avant ce jour un être de cette espèce ? »

À cette demande que lui adressait le prince aux travaux infatigables, Vibhîshana répondit en ces termes au rejeton de Kakoutstha : « C’est le fils de Viçravas, le noctivague Koumbhakarna, qui a pu vaincre dans la guerre Yama et le roi des Immortels.

« Le vigoureux Koumbhakarna est fort de sa propre nature : la force des autres chefs Rakshasas vient des faveurs et des grâces qu’ils ont méritées du ciel ; mais la force de Koumbhakarna ne vient que de son corps, héros aux longs bras ; elle est innée en lui. Aussitôt sa naissance, ce magnanime, pressé déjà par la faim, mangea dix Apsaras, suivantes du puissant Indra. Par lui furent dévorés des êtres animés en bien grand nombre de milliers.

« Enfin, accompagné des créatures, Indra se rendit au séjour de l’Être-existant-par-lui-même, et fit connaître au vénérable aïeul de tous les êtres la méchanceté de Koumbhakarna : « La terre sera bientôt vide, s’il continue à dévorer sans relâche, comme il fait, tous les êtres animés ! » À ces paroles de Çakra, l’auguste père de tous les mondes manda vers lui Koumbhakarna et vit cet affreux géant. À l’aspect du colosse, le souverain maître des créatures fut saisi d’étonnement, et l’Être-existant-par-lui-même tint ce langage au vigoureux Koumbha-