Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/234

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Le vigoureux Démon, entraînant tous les simiens entre ses bras, se mit à les dévorer dans sa fureur, comme Garouda mange les serpents. Mais les singes, que le monstre jetait dans sa bouche, aussi grande que les enfers, trouvaient le moyen d’en sortir, ceux-ci par ses oreilles, ceux-là par ses fosses nasales.

Ceux-ci, fuyant la mort, courent s’abriter sous la protection de Râma, qui s’élance et prend son arc, cette perle des arcs.

Près d’en venir aux mains, il dit alors au colosse, tel qu’une montagne ou pareil à un nuage, chassé par le vent : « Avance près de moi, seigneur des Rakshasas ! Me voici de pied ferme, mon arc et ma flèche dans les mains. Sache que je suis la mort venue ici pour toi : dans un moment, scélérat, tu vas exhaler ta vie ! »

« C’est Râma ! » se dit Koumbhakarna à la grande splendeur. Il poussa en même temps un bruyant éclat de rire, qui brisa, pour ainsi dire, les cœurs de tous les quadrumanes hôtes des bois ; et, quand il a ri d’une manière difforme, épouvantable, pareille au tonnerre des nuages, il tient ce langage au Raghouide :

« Vois ce maillet d’armes que je porte, solide, épouvantable, tout en fer ! avec lui, j’ai vaincu jadis les Dieux et les Dânavas. Montre-moi, tigre d’Ikshwâkou, cette vigueur agile de laquelle est doué ton corps ; ensuite, quand j’aurai vu ta force et ton courage, je ferai de toi mon festin. »

À ces mots, Râma lui décocha des flèches bien empennées ; mais, atteint dans le combat par ces traits d’une vitesse égale à celle du tonnerre, le colosse n’en fut aucunement ému.

Cet ennemi du grand Indra but des pores, en quelque