Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/273

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héros, que je dois ma délivrance : adieu ! je retourne au palais de Kouvéra ! »

À ces paroles de la nymphe, Hanoûmat répondit ces mots : « Va donc avec une pleine assurance ! je suis heureux, Apsara, de ce que j’ai brisé ta chaîne ! »

Quand il eut affranchi de sa métamorphose la bayadère céleste, le fils du Vent, Hanoûmat s’en alla au charmant ermitage où se tenait le Démon. Aussitôt que le Rakshasa, déguisé en ermite, le voit arriver, il prend des racines et des fruits : « Mange ! » lui dit-il. Le chef quadrumane vit cette forme d’emprunt, et resta un moment à cette vue plongé dans ses idées et dans ses réflexions : « Je ne vois pas chez les saints ermites des apparences telles que je les trouve en celui-ci, pensa-t-il. Cette différence nécessairement doit avoir sa cause, et d’ailleurs les gestes de cet homme remplissent malgré soi d’épouvante. Ses traits mêmes ont quelque chose du Rakshasa : on s’aperçoit qu’il a changé de forme. Ne voit-on pas ces Démons, qui excellent dans la magie, circuler par le monde sous quelque forme qu’ils veulent ? Évidemment, c’est un émissaire, qui vint ici, envoyé par le monarque des Yâtavas pour me donner la mort : je tuerai donc ce Démon à l’âme cruelle, qui veut m’ôter la vie ! »

Puis, s’adressant au Rakshasa : « Tiens bon, scélérat, noctivague de mauvaises mœurs ! Je sais maintenant qui tu es ! »

À ces mots d’Hanoûmat, le Démon Kâlanémi démasqua sa forme naturelle, repoussante, affreuse à voir, et fit trembler le Mâroutide : « Où iras-tu, singe ? lui dit-il. Oui ! c’est le magnanime Râvana qui m’envoie ici pour satisfaire son envie de t’arracher la lumière. Ma force en magie est considérable et je m’appelle Kâlanémi. Je vais