Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/282

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du Kakoutsthide à la vue même du monarque aux dix têtes, et, les mains réunies en coupe, il adresse à Râma ces paroles : « Mahéndra, ce Dieu aux mille regards, t’envoie pour la victoire, Kakoutsthide, ce char fortuné, exterminateur des ennemis, et ce grand arc, fait à la main d’Indra, et cette cuirasse pareille au feu, et ces flèches semblables au soleil, et ces lances de fer, luisantes, acérées. Monte donc, héros, dans ce char céleste, et, conduit par moi, tue le Démon Râvana, comme jadis, avec moi pour cocher, Mahéndra fit mordre la poussière aux Dânavas ! »

Râma, saisi d’une religieuse horreur, se mit à la gauche du char et décrivit autour de lui un pradakshina ; il fit ses révérences à Mâtali, et, songeant qu’il était un Dieu, il honora les Dieux avec lui. Cet hommage rendu, le héros, instruit à manier les traits divins, monta pour la victoire dans ce char céleste ; et, quand il eut attaché autour de sa poitrine la cuirasse du grand Indra, il rayonna de splendeur à l’égal du monarque même qui règne sur les gardiens du monde.

Mâtali, le plus habile des cochers, contint d’abord ses coursiers ; puis, les fouetta de sa pensée au gré du héros qui savait dompter les ennemis. Alors s’éleva, char contre char, un terrible, un prodigieux combat. Le Daçarathide, versé dans l’art de lancer un trait surnaturel, paralysa tous ceux du roi ennemi, le gandharvique avec le gandharvique, le divin avec le divin.

Le monarque aux dix têtes, bouillant de colère, saisit un nouveau dard souverain, épouvantable, et décocha au Raghouide le trait même des Nâgas. Soudain, transformées en serpents au venin subtil, les flèches aux ornements d’or, que Râvana lance de son arc, fondent sur le