Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fût alors n’aurait pu calmer Râma, tombé sous le pouvoir de la douleur et de la colère, ni lui adresser une parole, ni même le regarder.

Aussitôt qu’elle eut décrit un pradakshina autour de Râma debout et la tête baissée, la Vidéhaine s’avança vers le feu allumé. Elle s’inclina d’abord en l’honneur des Dieux, puis en celui des brahmes ; et, joignant ses deux mains en coupe à ses tempes, elle adressa au Dieu Agni cette prière, quand elle fut près du bûcher : « De même que je n’ai jamais violé, soit en public, soit en secret, ni en actions, ni en paroles, ni de l’esprit, ni du corps, ma foi donnée au Raghouide ; de même que mon cœur ne s’est jamais écarté du Raghouide : de même, toi, feu, témoin du monde, protège-moi de tous les côtés ! »

Après qu’elle eut parlé ainsi, la Vidéhaine, impatiente de s’élancer dans les flammes, fit le tour du feu et dit encore ces mots : « Agni, ô toi qui circules dans le corps de tous les êtres, sauve-moi, ô le plus vertueux des Dieux, toi qui, placé dans mon corps, est en lui comme un témoin ! » À ces paroles entendues, tous les généraux simiens de pleurer beaucoup, et, tombant une à une, les larmes couvrent bientôt leur visage.

Alors, s’étant prosternée devant son époux, Sîtâ d’une âme résolue entra dans les flammes allumées. Une multitude immense, adultes, enfants, vieillards, était rassemblée en ce lieu ; ils virent tous la Mithilienne éplorée se plonger dans le bûcher. Au moment qu’elle entra dans le feu, singes et Rakshasas de pousser un hélas ! hélas ! dont la clameur intense éclata comme quelque chose de prodigieux. Semblable à l’or bruni le plus excellent, Sîtâ, parée de bijoux d’or épuré, s’élança dans les flammes