Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/315

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assemblée des peuples, je n’ai point arrêté Sîtâ, quand elle s’est jetée au milieu du feu. Râvana lui-même n’aurait pu triompher de cette femme aux grands yeux, défendue par sa vertu seule, comme l’Océan ne peut franchir son rivage. Oui ! cette âme cruelle n’aurait pas été capable de souiller même de pensée la Mithilienne, aussi impossible à toucher que la flamme du feu allumé. Non ! Sîtâ n’a point donné son cœur à un autre, comme la splendeur ne fait pas divorce avec le soleil ! »

Après qu’il eut écouté ce discours du magnanime Râma, l’antique aïeul des créatures, l’auguste Swayambhou adressa au héros qu’il aimait ce langage, expression de son âme joyeuse, paroles ornées, douces, suaves, judicieuses et mariées au devoir : « Quand tu auras consolé Bharata de sa tristesse, et la pieuse Kâauçalyâ, et Kêkéyî, et Soumitrâ, la royale mère de Lakshmana ; quand tu auras ceint le diadème dans Ayodhyâ et ramené la joie dans la foule de tes amis ; quand tu auras fait naître une lignée dans la race des magnanimes Ikshwâkides, prodigué aux brahmes des richesses et gagné une renommée sans pareille, veuille bien alors revenir de la terre au ciel.

« Vois-tu là dans un char, Kakoutsthide, le roi Daçaratha, qui fut ton illustre père et ton gourou dans ce monde des enfants de Manou ? Sauvé par toi, son fils, c’est aujourd’hui un bienheureux, à qui fut ouvert le monde d’Indra : incline-toi devant lui avec Lakshmana, ton frère. »

À ces mots de l’antique aïeul des créatures, le Kakoutsthide avec Lakshmana de toucher les pieds de son père, assis au sommet d’un char. Tous deux ils virent Daçaratha, flamboyant de sa propre splendeur, vêtu d’une robe pure de toute poussière ; et, monté dans son char, l’an-