Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/32

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certitudes où flottaient nos esprits ballottés. Tandis que nous promenions çà et là nos regards, nous entrevîmes, caché sous des buissons et des lianes, un antre ouvert, comme une grande bouche de la terre.

« Il en sortait, et des cygnes, avec des gouttes d’eau tremblottantes sur leurs ailes, et des pygargues, et des grues indiennes, et de ces oies rouges, qu’on appelle des tchakras, et des gallinules, et des canards, les plumes stillantes d’eau, tous mêlés à d’autres oiseaux aquatiques.

« Voici quelle pensée nous vint à l’esprit devant le spectacle de ces volatiles, hôtes accoutumés des eaux : « Mes bons quadrumanes, dis-je à mes compagnons, entrons là ! » Et tous, ils se réunissent à mon conseil d’un accord unanime. « Entrons donc ! marchons ! » s’écrient à la fois tous mes singes, se hâtant d’accomplir cette commission que nous a donnée le maître. Nous alors de nous tenir fortement l’un à l’autre enchaînés par la main et d’entrer, sans plus réfléchir, dans cette caverne enveloppée de ténèbres. Voilà quelle est notre mission ; voilà quel fut le motif qui nous fit entrer dans cette caverne : au moment où nous vînmes près de toi, nous allions tous périr de faim. C’est alors que, remplissant à notre égard le devoir de l’hospitalité, tu nous as donné des fruits et des racines : nous les avons mangés, déchirés que nous étions par la fatigue et la faim. Parle ! que doivent faire les singes pour s’acquitter envers toi de ce bon office ? »

À ce langage, que lui adressait le fils du Vent, la pénitente aux vœux parfaits répondit en ces termes à tous les singes :

« Je suis contente de vous tous, singes à la grande vigueur : je marche dans le devoir ; ainsi, personne n’a rien à faire ici pour moi. »